Seuls 56% des Français se disent heureux au travail. C’est ce que révèle l’étude HappyAtWork réalisée par Meilleures-entreprises.com auprès de 28.000 salariés dans 3.300 entreprises, et publiée en exclusivité par les Echos START.
Cependant certaines entreprises réussissent mieux que les autres à satisfaire leurs salariés : dans les 184 entreprises labellisées HappyAtWork, ils sont 71,2% à se sentir bien au travail, d’après leurs réponses aux 18 questions portant sur six thèmes (fierté, salaire, management, environnement…).
Mais que font ces employeurs de plus que les autres ? Cette nouvelle enquête donne quelques pistes intéressantes. “D’une part, il s’agit d’entreprises qui permettent à leurs salariés d’être dans la découverte, et d’apprendre au quotidien. D’autre part, elles les responsabilisent pour que chacun se sente partie intégrante du projet de l’entreprise et donner ainsi du sens à leur travail”, assure Célica Thellier, responsable de l’étude et cofondatrice de Meilleures-entreprises.com.
Quelles sont les pratiques pour améliorer le bonheur au travail ?
Conserver un “esprit startup”
Les salariés préfèrent être dans la découverte perpétuelle : de nouveaux projets, de nouveaux produits, de nouvelles compétences…. “C’est pour cela que les startups affichent de manière générale de meilleures notes, que les entreprises du digital sont au top, et que les très jeunes sont plus heureux. Ils sont encore dans la découverte du monde de l’entreprise”, détaille Célica Thellier.
Les grandes entreprises qui se distinguent dans le classement HappyAtWork misent pleinement sur l’innovation. “La fierté et l’appartenance, ça passe aussi par l’innovation, qui fait partie de notre ADN”, explique Sophie Cléjean, directrice de l’expérience salarié et de la marque employeur d’Orange, premier du classement pour la catégorie des entreprises de plus de 1.000 salariés devant Decathlon, et ID Logistics.
De nouvelles formes de travail sont également expérimentées, avec des initiatives comme la “Villa Bonne Nouvelle”, un espace de coworking au coeur de l’écosystème numérique parisien, dans lequel des équipes d’Orange font grandir un projet pendant plusieurs mois, tout en côtoyant des startups. Ils peuvent ainsi tester et échanger sur leurs pratiques de travail.
Transparence et responsabilisation
Mais évidemment, apprendre ne suffit pas. Les salariés ont besoin de savoir à quoi sert leur travail. Ainsi, les entreprises qui performent socialement font sentir à chaque salarié qu’il est essentiel au projet d’entreprise. La notion de transparence et d’horizontalité dans le management sont deux facteurs clés pour répondre à cet objectif. Par exemple, chez Haribo, numéro 3 du classement “HappyAtWork for Starters”, qui rassemble les entreprises où les moins de 29 ans sont les plus heureux, on fait tout pour intégrer les plus jeunes au projet global de l’entreprise.
“Pendant les 100 premiers jours, ils sont formés et accompagnés. Ils ont l’occasion de rencontrer toutes les équipes, de visiter les usines. Et il y a des points réguliers avec le manager”, explique Sylvain Chardard, directeur des ressources humaines chez Haribo. “Mais surtout, on les responsabilise et on leur présente clairement notre stratégie d’entreprise à moyen terme, à tous les niveaux : organisation interne et business”, poursuit-il.
Les apéros et autres événements sympathiques de “team building” et invitation des membres de la famille voire de ses amis sur le lieu de travail, font toujours leur effet. Reste que le plus important pour intégrer les millenials, qui entrent dans le monde du travail souvent avec des attentes fortes, c’est de créer l’environnement qui leur permette de sentir qu’ils sont 100% indispensables au projet d’entreprise.
Le rôle essentiel du manager
Et l’indispensable courroie de transmission de tout cela est bien sûr le management. “Il y a des clichés sur le bonheur au travail : il serait assuré par des super locaux, des tables de ping-pong, des poufs multicolores ; il serait insufflé par des jeunes qui arrivent dans l’entreprise pour apporter de la modernité… C’est faux. Le plus important, c’est le cadre donné par la hiérarchie, qui doit valoriser la confiance et l’entraide”, assure Joanne Watanabe, cofondatrice et responsable marketing de Ignition Program, qui obtient la meilleure note parmi les startups notées par leurs salariés et se classe ainsi première de ce classement.
Pas tout à fait surprenant lorsque l’on sait que la raison d’être de cette jeune entreprise lancée en 2013 est précisément d’aider les jeunes pousses à bien recruter et à garder leurs salariés en assurant leur bien-être. Quand on lui demande de résumer les éléments qui font le bonheur au travail dans sa boîte, on y retrouve facilement tous les ingrédients évoqués plus haut. Responsabilisation, communication, temps d’échange.
Chez Ignition Program, on joue aussi à fond la carte de la transparence. Rien n’est tabou, même pas les questions d’argent : Joanne Watanabe donne l’exemple d’une querelle à propos du budget inégalement partagé, et qui a pu être réglée en en parlant librement. Toute la boîte part régulièrement en voyage (Rome, Lisbonne…) : une semaine exutoire pour “vider son sac et remettre en cause les lourdeurs des process”.
Pas sûr qu’un tel mode de fonctionnement convienne à tout le monde… “C’est vrai qu’une personne pour qui le travail n’est qu’un moyen de gagner de l’argent, et qui ne veut rien partager avec ses collègues, ne sera pas forcément plus heureux chez nous qu’ailleurs”, concède Joanne Watanabe. D’où l’attention toute particulière portée au recrutement… Le bonheur au travail, ce n’est pas qu’une affaire de poufs et de nourriture gratuite, c’est surtout une histoire de rencontre entre une personne et une entreprise qui lui correspond.
Méthodologie :
Pour réaliser ces classements, plus de 28.000 salariés français ont évalué leur entreprise dans 6 domaines (progression professionnelle, environnement stimulant, management & motivation, salaire & reconnaissance, fierté, plaisir) à partir de 18 questions. Chaque question est évaluée sur une échelle de 1 à 5.
A partir de cette base commune, les entreprises sont réparties par taille afin de pouvoir les comparer. Au total, 3.300 entreprises ont été évaluées et 180 ont obtenu l’un des labels HappyAtWork.
Trois critères pour en faire partie :
– Une note de satisfaction globale supérieure à 3,8/5
– Plus de 60% des salariés prêts à recommander leur société à un ami.
– Un taux de participation à l’enquête de 50% minimum parmi les salariés
Source : Les Echos START