Du jaune, du bleu, du vert, du noir, du fluo, des odeurs de camphre, et même des sacs poubelles qui servent de couvertures au froid, mais qui sont tous ces gens agglutinés sur les champs Élysées si tôt ce dimanche matin ? Des «teufeurs» qui sortent de boîte de nuit ? Des commerçants qui se préparent à ouvrir le plus grand marché dominical au monde ? Des grévistes qui veulent ressusciter mai 68 ?
DES FOUS ?
50.000 fous ? Cinquante mille personnes qui s’apprêtent à devenir des supers héros…
Ils ont payé plus de 100€. Ils s’y sont pris 6 mois à l’avance. Ils s’y sont préparés encore plus précisément depuis 3 mois. Ça fait des semaines que cela rythme et organise leur quotidien. Et peut-être même celui de leurs proches. D’ici quelques minutes, que se passera t-il ? Les libérerons-nous de leur aliénation ? Non, on leur offrira la possibilité d’exaucer leur rêve…
UN FINISHER DU MARATHON
Il n’y a pas si longtemps, l’épreuve était réservée à l’élite sportive. Aujourd’hui, le marathon est une épreuve de masse qui concerne absolument tout le monde. Vieux, jeunes, riches, pauvres, noirs, blancs, hommes, femmes, patrons, ouvriers, etc. Le champion de sa rue peut même courir dans la même course que le champion olympique. Mais le dénominateur commun à tous ces individus c’est l’accomplissement. Mais pourquoi ? Pourquoi cette quête de reconnaissance, de performance, d’accomplissement ? Pourquoi courons-nous ?
PARCE QU’AU FOND, QUE NOUS LE COURONS EN 2H OU PLUS DE 5H, NOUS SOMMES TOUS DES SUPERS HEROS
Elle est une citation de Bouddha : « Une victoire sur mille ennemis n’en vaut pas une seule sur soi-même ». En effet, l’épreuve est suffisamment exceptionnelle pour que la terminer soit définitivement associé à un exploit.
Vous connaissez l’histoire de Philippidès ? C’est à lui que nous devons ce mythe des 42kms. Pardon, si un marathonien me lit, il me tue. Je corrige : 42,195kms ! Cet athlète hors norme qui mourut après avoir annoncé à Marathon, la victoire des athéniens contre les Perses. Harassé par les 42,195kms qu’il venait de parcourir en courant, il eut juste le temps de dire « On a gagné »…
Les héros modernes tentent de réparer le mythe à leur tour. Un héros qui, par essence, offrirait la possibilité de croire à l’impossible, permettrait d’imaginer que l’on peut repousser les limites du potentiel organique humain toujours plus loin, plus haut, plus fort, grâce au courage et à l’exercice de la volonté.
MOI AUSSI JE VEUX ETRE UN SUPER HEROS
Pourquoi tant de gens dont la démarche est de commencer à courir arrêtent quelques semaines plus tard ? Tout simplement parce qu’ils font les choses à l’envers ! Et il n’y a pas de honte. 1- On commence par identifier le port vers lequel, on veut naviguer. 2 – On sort les rames et on prépare sa carte de route. Autrement dit, du résultat que nous voulons obtenir, pour y arriver, nous faisons le chemin à l’envers. « Ça y est, c’est décidé, je sais ce que je veux », « je veux devenir un jour un finisher du marathon »…
STEP BY STEP !
1) Mettez-vous un objectif ! Un vrai ! Personnel & subjectif ! Celui qui vous tient le plus à cœur. C’est le « nerf de la guerre ». C’est lui qui vous permettra de toujours rester motivé. Il doit être simple, précis, concret et surtout qu’il vous rende excessivement fier quand vous y parviendrez.
2) Reconnaître ses forces et ses faiblesses. Trop d’athlètes ont tendance à se dévaloriser parce qu’ils mettent la barre trop haut ou à critiquer l’autre parce qu’il fait différemment. Mais ça, ça empêche de bien faire. Cette attitude est à proscrire car elle entame l’estime personnelle et la confiance en soi.
3) « L’imagination est plus puissante que la connaissance » disait Einstein.
Un objectif ça se rêve. Ça se ressent. Il faut se focaliser sur le résultat plus que sur le plan qui permet d’atteindre ce résultat. Il faut programmer l’esprit à ce que nous voulons obtenir. Ça remplit d’enthousiasme et de satisfaction et ça permet de passer à l’action…
Enfin, je constate que sans représentation précise de notre objectif, 99 fois sur 100, on tape à côté.
Dans un autre sport qui est le vélo, quel cycliste n’a jamais simulé sa victoire à l’entraînement ? « Comment je lèverai les bras en passant la ligne en vainqueur ? » Il faut penser à ses émotions. Faire l’effort de décrire ce que ça nous fera dans notre corps en pensant à tout ça.
Mon astuce : Se dessiner une image fixe de l’état désiré dans notre cerveau. Chaque fois que nous revoyons cette image, cela imprime à notre cerveau une stimulation à agir et à faire des choix dans ce sens.
4) Visualiser ses progrès
Si la plupart des coachs demandent hebdomadairement aux athlètes qu’ils coachent un retour écrit de leurs sensations sur un « network plan », ce n’est pas seulement pour adapter ou réadapter le plan d’entraînement. C’est aussi parce qu’il est un outil fabuleux. Il y a parfois plusieurs années d’historique. Ça permet de se recomparer. Il permet d’entretenir son focus et de ne pas le perdre de vue. De mieux se rendre compte d’où on en est. De tirer satisfaction du chemin parcouru. De se motiver à ne pas perdre les bénéfices si durement acquis. Et puis si le gars est en retard de se stimuler pour agir immédiatement et de ne pas laisser dériver une situation plus négative. Les anglo-saxons l’appellent le « tracing post » ou autrement dit un suivi affiché. Et son effet est magique… D’ailleurs, on voit de plus en plus de détails et de pertinence dans les contenus des athlètes avec le temps.
5) Pour la motivation, trouver des motifs d’action
Pour tenir dans le temps, il nous faut des raisons d’agir. Si l’outil de suivi des entraînements sur ordi est un nouvel incontournable, un bon vieux cahier Clairefontaine suffit. Un cahier dans lequel, on trouverait un tas de couleurs, des citations, des chronos, des sensations, des conditions météos, des températures, des chiffres etc…
Mais partant du principe que notre esprit cherche deux choses : comment avoir plus de plaisir et comment éviter la douleur, il conviendrait aussi d’y lister des raisons pour réussir et des raisons d’échouer. On y trouverait aussi les objectifs et les raisons les plus stimulantes d’y arriver. Un genre de « Road Map » !!!
6) Viser sa confiance. Et investir sur ses points forts
Ce n’est pas très français de se focaliser sur ses points forts mais pourtant, il n’y a pas meilleur moyen de renforcer la confiance en soi. On éprouvera infiniment plus de plaisir à améliorer les endroits où nous avons des facilités naturelles que de se fixer sur des points d’amélioration. Progresser sur nos qualités renforce notre confiance et c’est une spirale vertueuse.
Parole du coach : « la bonne recette c’est 20% de son entraînement à développer des points faibles et 80 à renforcer ses points forts et ce que vous aimez le plus faire ».
7) Et si le succès se planifiait aussi ?
Le cerveau c’est comme un muscle. Nous devons l’entraîner comme on entraîne les quadriceps ou les abdos. Concentration, persévérance, réactivité, créativité, application, etc. La motivation n’est pas une exception. Et elle n’est pas innée et naturelle. Elle se travaille. On visualise son objectif lorsqu’il sera atteint et on essaye de ressentir ce que cela nous procurera. On note tout dans notre cahier ou dans le network plan. On fait une liste de nos motifs d’action (aux conséquences positives et négatives). Chaque semaine, on fait un bilan de nos points forts et de comment oncompte les renforcer. On conditionne « la tronche » en verbalisant à haute voix notre objectif jusqu’à le connaître par cœur.
EN CONCLUSION,
Si après tout ça, tu te demandes encore après quoi tu cours ? Quelles sont tes motivations profondes ? Quelle est ta satisfaction ? Ce que tu recherches ? Qu’est-ce qui te pousse à vouloir parcourir absolument une telle distance ? Si tu en es capable ? Si tu ne rencontreras pas des obstacles ? Pense que Le Marathon est définitivement accessible à tous ceux qui en ont profondément l’envie. Et qu’il te réserve l’un des plus beaux cadeaux que la vie puisse te donner. Il te permettra de découvrir en toi des ressources considérables. Cette volonté hors-norme et aussi insoupçonnée soit-elle va t’être bien utile pour bien d’autres raisons. En effet, si au moment où tu franchiras la ligne d’arrivée, une sensation de joie immense, de devoir accompli, de fierté absolue et de bonheur t’envahit, tu vas aussi pouvoir capitaliser sur cette découverte inestimable aussi longtemps que la vie t’offrira la possibilité de vivre… Tu es un marathonien !
Jeff Tatard